Cela fait aujourd’hui tout juste vingt ans que ce témoignage a été posté. Vingt années d’espoirs, de tentatives de gestion et de luttes pour conserver une vie « presque normale ». Vaines tentatives ?
Malheureusement, sur le plan de la reconnaissance institutionnelle de l’Électrosensibilité (EHS) et de la Sensibilité Chimique Multiple (MCS), le statu quo déploré il y a deux décennies est, pour l’essentiel, inchangé. Nous continuons d’être des pestiférés de la modernité, dont les souffrances sont reléguées dans la case du psychosomatique par une grande partie du corps médical, malgré les preuves biologiques accumulées.
Pourtant, le monde de 2025 est bien celui que j’avais craint. L'exposition aux ondes a explosé : la 4G, la 5G, les objets connectés (IoT), le Wi-Fi omniprésent sont devenus une toile de fond de plus en plus dense, rendant tout répit difficile. Et l'engrenage, hélas, s'est resserré sur ma santé.
⚙ L'engrenage : de l'EHS à l'épuisement total
Depuis la création de ce blog en 2005, en télétravail depuis mon domicile à presque 100%, j’ai pu conserver mon travail jusqu’en juin 2021. Grâce à ma connexion filaire, j’ai pu entrer en contact avec de nombreux collaborateurs étrangers (Indes, Philippines, Afrique du Sud, Chine, Singapour, Espagne…). À 59 ans et après un licenciement, j'ai vécu une transition professionnelle inattendue et facilitée par la pandémie. Malgré mon âge, j’ai retrouvé un poste passionnant d'architecte informatique, que j’ai pu, après négociation avec mon nouvel employeur, exercer en grande partie en télétravail (4 jours sur 5). Cette flexibilité était vitale. Elle me permettait de m'accorder le repos indispensable car ce travail à responsabilités, passionnant mais exigeant, dépassait mes capacités physiologiques limitées par l'EHS.
Malheureusement, en juin 2023, j’ai eu un Accident Ischémique Transitoire (AIT). Lors de mon hospitalisation, les analyses ont montré une réaction positive à la borréliose (Lyme). J'ai été immédiatement traité par des antibiotiques puissants. Dès le début de cette prise de médicament, et ce, indépendamment de mon AIT, j'ai été frappé par une fatigue et un épuisement extrême, qui m’ont forcé à m’aliter pendant la première semaine.
Moins d'un mois après, la nuit suivant mon IRM cérébrale (qui a confirmé l'AIT et écarté un AVC), j'ai ressenti des fourmillements insupportables dans les jambes, accompagnés d'une insomnie tenace. D’expérience dans ce type de symptômes, j'ai immédiatement pensé à poser une protection supplémentaire contre les ondes – un tissu de blindage Aaronia – sur mon lit, déjà entouré de murs peints avec une peinture anti-ondes (YSHIELD). L'effet fut quasi instantané : les tremblements ont cessé, et j'ai pu me rendormir. Aujourd'hui encore, cette double protection est indispensable à mes nuits. Sans elle, la qualité de mon sommeil décline immédiatement.

Après le traitement aux antibiotiques, mon état de santé ne s’améliorait pas, au contraire. La fatigue était toujours trop présente. Je n’y comprenais rien. En juillet 2024, un médecin de médecine interne a finalement posé le diagnostic d'Encéphalomyélite myalgique (EM), ou Syndrome de Fatigue Chronique (SFC). Dans mon premier post sur ce blog en octobre 2005, j’avais écrit : « Je me voyais plonger vers une SFC (Syndrome de Fatigue Chronique) ou Fibromyalgie ». Était-ce prémonitoire ?
L'EM/SFC m'impose désormais un « Pacing » obligatoire, un repos forcé entre chaque effort afin d’éviter le « Crash ».
- Le « Pacing » permet de stabiliser la maladie et les principaux symptômes, et de réduire l'intensité et la fréquence des malaises post-effort caractéristiques de l'EM/SFC. Ce repos forcé m’a amené à réduire considérablement mes activités et me permet aujourd’hui de ne pas être malheureux mais simplement diminué, menant une vie où chaque effort, tant physique qu’intellectuel, est rigoureusement calculé.
- Le « Crash » est un épisode de malaise post-effort (MPE), qui est un symptôme clé de l'EM/SFC. Cela se manifeste par une aggravation soudaine et souvent prolongée des symptômes, tels que fatigue extrême, douleurs musculaires, troubles cognitifs…
Le lien entre ondes, inflammation et EM/SFC
La question qui me hante est la suivante : cet EM/SFC est-il la conséquence logique de mon électrosensibilité chronique ?
Il y a vingt ans, je parlais déjà de stress oxydant comme clé de mon problème. Aujourd’hui, les recherches émergentes orientent vers l'inflammation et un état inflammatoire chronique entretenu par l'exposition aux ondes. Cet état inflammatoire permanent pourrait bien être le moteur qui augmente et surcharge le stress oxydant, entraînant des pathologies neuro-immunes comme l'EM/SFC.
À ce propos, une analyse de sang récente est venue corroborer un diagnostic établi en 2012 par l'équipe du Professeur Belpomme à Paris. Aujourd’hui, mon taux de Tryptase est positif, tout comme mon taux d'histamine qui était quatre fois supérieur à la normale à l'époque. Ces marqueurs confirment une activation des mastocytes et un état d’hypersensibilité et d'inflammation. Mon histoire pourrait donc être l'illustration d'un syndrome progressif : une susceptibilité initiale (peut-être liée à une réaction méningée à l'âge de 13 ans en 1976), exacerbée par les toxines (dioxyde de titane, métaux lourds), entretenue par le stress environnemental des ondes et déclenchée par la prise d’antibiotique puissant, conduisant à un état inflammatoire chronique qui dégénère en EM/SFC.
Tableau clinique existant et traitements
Mes nouveaux symptômes s'inscrivent dans ce tableau clinique :
- Je souffre d'un décollement du vitré aux deux yeux, dont le symptôme principal est un voile blanc dans le point de visée. Ma médecin neuro-ophtalmologue a confirmé que ce trouble visuel est exacerbé par la fatigue et peut donc augmenter dans le cadre de l'EM/SFC. Il devient particulièrement gênant lors de stress ou de travail intensif sur écran.
- Mon traitement de fond est basé sur le Naltrexone à faible dose (LDN) depuis plus d'un an, souvent utilisé pour ses propriétés immunomodulatrices. Récemment, l'Aripiprazole à faible dose a été ajouté. Il semble améliorer mon endurance et réduire ma fatigue, bien que je doive toujours pratiquer le « Pacing » et que les douleurs musculaires réapparaissent lors d’efforts plus importants.
Un appel à l'humilité et à la recherche
Il est crucial de rester prudent dans les affirmations, mais l’accumulation des coïncidences et des marqueurs biologiques (Tryptase, Histamine…) est criante.
En vingt ans, le Dioxyde de Titane (E171) a été interdit dans l'alimentation en France et en Belgique pour des raisons de sécurité, une mesure de précaution que j'appelais de mes vœux. Cela prouve que les avertissements des « électrosensibles » sur les toxiques ne sont pas infondés. Pourtant, la recherche sur la synergie entre les toxiques et les ondes, notamment l'hypothèse de l'inflammation chronique comme pont entre l'EHS et l'EM/SFC, reste terriblement sous-financée et négligée.
Mon témoignage, loin d'être un conte de guérison miracle, est aujourd'hui un récit d'adaptation douloureuse à une maladie compliquée et handicapante, qui est peut-être la suite logique d'une hypersensibilité environnementale non reconnue et non traitée à temps. L'EM/SFC est peut-être le stade ultime où le corps, après vingt ans de lutte contre les radicaux libres et l'inflammation, ne peut plus se battre.
Il est urgent que les pouvoirs politiques et la communauté scientifique explorent sérieusement le rôle de l’inflammation chronique induite par l'environnement dans le développement de pathologies complexes. L'EHS et l'EM/SFC ne sont pas des entités séparées ; elles sont l'expression d'un corps pris dans un engrenage toxique et électromagnétique. Nous ne demandons pas d'être crus sur parole, mais d'être étudiés avec la rigueur et l'humilité que commande l'urgence de cette crise de santé publique.
État de la recherche : EHS, inflammation et stress oxydant
Bien que l'EHS ne soit pas uniformément reconnue comme une maladie environnementale par toutes les instances sanitaires internationales, un nombre croissant d'études soutiennent l'existence de mécanismes biologiques objectivables chez les personnes se déclarant électrosensibles. Ces travaux sont souvent en contradiction avec les conclusions des grandes agences sanitaires (qui se concentrent sur les effets thermiques des ondes et les études de provocation à court terme).
La piste principale reliant l'EHS à une pathologie plus large, comme l'EM/SFC, passe par la neuro-inflammation et le stress oxydant chronique.
- Le rôle du stress oxydant et des radicaux libres
Mon intuition initiale (en 2005) sur le rôle des antioxydants et du stress oxydant est aujourd'hui une hypothèse centrale dans la recherche non institutionnelle sur l'EHS.
- Dégâts cellulaires : Plusieurs études in vitro et in vivo suggèrent que l'exposition aux champs électromagnétiques (CEM) — même à des niveaux bien inférieurs aux normes de sécurité officielles — peut induire une production excessive de radicaux libres (espèces réactives de l'oxygène ou ROS).
- Capacité de défense réduite : Chez les sujets EHS, certains chercheurs ont mesuré une diminution de la capacité antioxydante de l'organisme (déficit en glutathion ou en mélatonine, par exemple), ce qui rend le corps incapable de neutraliser ces radicaux libres, conduisant à un état de stress oxydant permanent.
- Membranes cellulaires : Ce stress oxydant peut endommager les lipides et les protéines des membranes cellulaires, y compris celles de la barrière hémato-encéphalique, ce qui est cohérent avec l'apparition de symptômes neurologiques et cognitifs.
- L'inflammation et l'activation des mastocytes
La recherche récente met fortement l'accent sur le lien entre stress oxydant et neuro-inflammation (inflammation du système nerveux central), notamment via l'activation des mastocytes.
- Régulation immune : Les mastocytes sont des cellules immunitaires jouant un rôle clé dans les réactions allergiques et l'inflammation. Ils sont extrêmement sensibles aux stress environnementaux (toxines, ondes) et libèrent des médiateurs inflammatoires comme l'histamine et la tryptase.
- Corrélations biologiques : Les résultats que j’ai mentionné — taux élevés d'histamine et de tryptase positifs — sont des marqueurs d'une activation chronique des mastocytes. Ces résultats sont des indicateurs biologiques solides, souvent retrouvés chez les patients EHS et/ou MCS (Sensibilité Chimique Multiple).
- Syndrome d'Activation des Mastocytes (SAMA/MCAS) : Ces profils biologiques suggèrent que l'EHS pourrait s'inscrire dans le spectre du Syndrome d'Activation des Mastocytes, où les facteurs environnementaux (CEM et chimiques) agissent comme des déclencheurs de la libération d'histamine et d'autres cytokines pro-inflammatoires.
- Le pont vers l'EM/SFC
L'EM/SFC est elle-même fortement associée à une dérégulation du système immunitaire, à une inflammation persistante et à des anomalies mitochondriales (impact sur la production d'énergie).
L'hypothèse du lien est la suivante :
- L'exposition chronique aux CEM (et aux toxines) induit un stress oxydant constant.
- Ce stress oxydant provoque une activation mastocytaire et une neuro-inflammation chronique (marquée par l'histamine et la tryptase).
- Cette inflammation chronique finit par épuiser les réserves énergétiques et perturber l'axe HPA (régulation du stress), créant le terrain propice au développement de l'EM/SFC.
De fait, l'EHS, la MCS et l'EM/SFC sont de plus en plus souvent considérées par certains experts comme des maladies multisystémiques partageant des mécanismes pathologiques sous-jacents, l'EHS et la MCS pouvant être des phases précoces ou des facteurs déclencheurs/aggravants de l'EM/SFC. Les traitements à faible dose comme le Naltrexone (LDN), qui agissent comme immunomodulateurs, sont d'ailleurs couramment utilisés pour ces pathologies neuro-immunes, suggérant une base biologique commune.
Conclusion : La recherche est de plus en plus orientée vers l'étude de l'EHS non pas comme un trouble purement psychologique, mais comme une réaction neuro-inflammatoire et oxydative à l'environnement. Le défi reste l'harmonisation des protocoles d'étude et la reconnaissance de ces mécanismes biologiques par les agences de santé publiques.